UN PILOTE DU CIMETIERE DES CARMES...

Antoine Bayle (1895-1926) 

Tout d'abord, j'exposerai en préambule, que tout comme le Général Mordacq (à qui j'ai consacré un livre et un blog lié), ou Pierre Albessard (blog lié, dans l'attente d'un livre), le destin dans l'Histoire de cet autre Auvergnat, Antoine Bayle, est tout à fait exceptionnel et à ce titre, à la veille du centenaire de la Grande Guerre, il est important de découvrir, ici, quelques documents importants...


Si vous vous promenez un jour dans le Cimetière des Carmes à Clermont-Ferrand, peut-être serez-vous surpris de découvrir une tombe en pierre de Volvic surmontée de la sculpture d'un brevet de Pilote de la Guerre de 1914-1918 ?...




À son pied, vous trouverez aussi quelques éléments étranges:
Une grande palme de lauriers des "Ailes Brisées"...



et quelques plaques de marbre, un peu sales...







Quel destin se cache t-il derrière ces quelques vestiges ailés?
C'est ce que je vous propose de survoler ici...

Tout commence en 1895 à Clermont-Ferrand, où Antoine voit le jour...

Le 2 Octobre 1915, Antoine Bayle est à l'Hôpital 111 de Bar-le-Duc.



... Le 2 Novembre 1915, Bayle est le mécanicien du célèbre aviateur Auvergnat Eugène Gilbert (1889-1918). 



Dans l'Histoire de la Guerre Aérienne de jacques Mortane, on peut lire: "...le sergent Eugène Gilbert qui venait d'atterrir sur l'aérodrome d'Amiens, de retour d'une reconnaissance, apercevant les avions ennemis qui survolaient la ville, remontait en hâte sur son parasol Morane-Saulnier accompagné de son mécanicien Bayle. 
Il s'élevait rapidement et livrait la chasse aux Allemands. 
Il rejoignait l'Aviatik, l'empêchait momentanément de rentrer dans ses lignes et le poursuivait jusque dans les environs de Montdidier. 



Le mécanicien tirait dix balles de mousqueton entre Albert et Bapaume et l'appareil ennemi allait s'abattre près de Reims où il était capturé.
Dans le combat, l'avion français avait reçu deux balles dont une avait traversé un réservoir et l'autre un coin de l'aile. Bayle qui avait retiré ses gants afin d'être plus à l'aise pour tirer avait une partie de la main gauche gelée. 
La température était ce jour-là de 16 degrés au-dessous de zéro!
Voici la lettre dans laquelle le mitrailleur racontait à ses parents les péripéties de cette lutte dans les airs, la seconde livrée par Gilbert en deux semaines:

"Mes chers parents,
Je sors de l'hôpital aujourd'hui, j'y étais depuis le 18 novembre, jour où des appareils allemands sont venus bombarder Amiens. 
Gilbert et moi avions été désignés pour leur donner la chasse. À 2500 mètres, nous en avons attaqué trois qui, en nous voyant, ont pris la fuite. Dès ce moment, nous en avons poursuivi un. La lutte a duré trente-cinq minutes. 
Il paraît, d'après tous les gens qui nous ont vus, que c'était épatant et les journaux du pays en ont fait des tartines pendant deux jours. Parfois nous étions à 15 mètres l'un de l'autre. Eux avaient une mitrailleuse et nous n'avions qu'un mousqueton de cavalerie. Heureusement, nous leur étions supérieurs en vitesse et en souplesse. Ils étaient affolés et ne savaient plus où passer. Un moment, ils sont passés à 2 mètres environ sous notre appareil. J'ai cru qu'on allait se rentrer dedans. Voyant que non, je leur ai décoché deux coups de fusil qui, à mon avis, ont dû porter. Nous les avons poursuivis jusqu'à Montdidier, où nous avons été obligés de les abandonner, faute de munitions. Mais ils avaient du plomb dans l'aile, nous aussi, d'ailleurs. Comme mes gants me gênaient pour tirer, je les avais retirés et il faisait un froid de 16 degrés au-dessous de zéro. Je n'avais rien senti pendant l'attaque, mais après mes mains étaient gelées.
J'ai été bien soigné et, aujourd'hui, je suis presque guéri. À notre descente de l'appareil, nous l'avons visité. Deux balles avaient porté: une au coin de l'aile, au-dessus de ma tête à 10 centimètres; l'autre a éraflé mon veston à la hauteur du flanc droit, traversé un réservoir d'essence, le coffre de l'appareil. Dans celui-ci se trouvaient des cartes postales du pilote. Le paquet a été traversé. Il m'en a donné une avec dédicace. Je vous l'envoie. Vous me ferez plaisir en la faisant encadrer. C'est pour moi un précieux souvenir.
Depuis, nous avons eu le plaisir d'apprendre que cet oiseau de malheur avait été capturé près de Reims. Le passager était blessé, le réservoir d'essence troué. Le pilote a avoué que, dans l'ardeur de la lutte, il avait complètement perdu sa route et que, à bout d'essence, il avait été heureux d'atterrir. Heureusement, c'était chez nous."

Le 18 Octobre 1916, Bayle est Breveté Pilote Militaire sur avion Blériot à Buc, confirmé par l'Aéro Club de France le 10 Décembre 1916 avec le N°4993.

18 Décembre 1916, Mariage à Notre-Dame du Port de Clermont-Ferrand



1916-18, Pilote de Guerre sur Morane-Saulnier 


puis sur SPAD notamment à l'Escadrille SPA 89 avec Gilbert Sardier. 


Il totalisera plus de 1621 heures de vol pendant la Grande Guerre et trois blessures.


Survol des villages détruits et des tranchées...




Survol du Fort de Douaumont à Verdun...


Après la naissance de sa fille, il baptisera ses appareils de son nom "Raymonde" ou de son surnom "Toto Rito".








8 Mai 1922, Fondation de l'Aéro Club d'Auvergne à Aulnat.
Antoine Bayle devient son Chef-Pilote.



14 Août 1922, Voir Page "Meeting de Combegrasse"

1923, sur une moto Triumph...



1923, Chef-Pilote à L'Ecole Camplan à Bordeaux.











Pendant cette période, il fera la formation de la future grande aviatrice Maryse Bastié qui sera brevetée le 29 Septembre 1925.



Celle-ci restera fidèle à la famille Bayle comme en témoigne cette dédicace à sa fille: "À Raymonde Bayle, Mon affectueux souvenir, Mayse Bastié".



26 Août 1924, Première ascension d'Antoine Bayle en ballon "La Cadichonne".



Cette première expérience sera une nouvelle passion pour lui et il sera breveté Aéronaute le 26 Septembre 1926, à quelques jours seulement de sa disparition.


4 Octobre 1926, Mort tragique d'Antoine Bayle...
Voir Page: Drame du 4 Octobre 1926...

Février 1930, Article dans la revue "L'Avion" N°42.

Avril 1939, Article dans "L'Avion" N°152.


Pour en savoir plus sur l'ambiance de l'Aéro-Club d'Aulnat:





à suivre...

4 commentaires:

  1. Merci infiniment pour tous ces souvenirs et précisions sur la vie de mon grand père que malheureusement je n'ai pas connu!
    Patrick Bayle (Champion du monde par équipe de vol libre)

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  2. Quel plaisir de découvrir ce blog et toutes ces informations sur mon grand-père. Mon père orphelin à 6 ans et lui-même pilote en 39-40 n’a su nous transmettre que le gout du vol et du pilotage, mais c’est déjà magnifique !

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  3. Vraiment !?!
    Je ne suis pas un "Bayle", par contre, forcément, je suis autant ému que la famille qui certainement se sent très est honorée par cette page.

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  4. Merci beaucoup pour votre travail de recherche et vos photos qui me donnent la solution du problème '..YMON..TOTORITO" !
    Ci-joint l'adresse de mon blog avec quelques articles sur la N/SPA 89 :
    http://clemenceaudupetitmoulin.centerblog.net/6573661-andre-bayle-et-son-avion-toto-rito

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