DRAME du 4 OCTOBRE 1926

Le 4 Octobre 1926
Article "Les Ailes" du 14 Octobre 1926
"Les Ailes se ferment
ANTOINE BAYLE
Un accident, survenu la semaine dernière à Bordeaux, a coûté la vie au pilote Antoine Bayle et à son passager Horgues, jeune élève-pilote de 18 ans. Le peu que nous savons de l'accident est qu'il fut consécutif à un incendie qui éclata à bord alors que l'avion se trouvait à quelque 400 mètres de haut... 
Il prouve, une fois de plus, la nécessité impérieuse de reprendre entièrement le problème de la protection contre le risque d'incendie qu'on ne saurait considérer comme entièrement résolu tant que le feu causera des accidents comme celui-là et comme ceux qui l'ont précédé.
Avec Antoine Bayle disparaît un pilote plein d'allant, aimant intensément l'aviation et la pratiquant depuis de longues années avec, toujours, le même enthousiasme.
Nous avions connu Bayle à Clermont-Ferrand en 1922 alors qu'il était à Aulnat le Chef du Centre Richard.
Il comptait naturellement parmi les collaborateurs les plus dévoués de Sardier à l'Aéro-Club d'Auvergne... 
Pendant le meeting de Combegrasse, il survola presque journellement la région à bord d'un G-3, emmenant des passagers qui admiraient fort sa maîtrise de pilote.
Il quitta Aulnat pour le Centre de Bordeaux, renonça plus tard aux fonctions qu'il occupait à ce Centre mais, sans pour cela abandonner l'aviation... 
Il devint, en effet, à Mérignac même, le moniteur d'une école où il continua à instruire et à perfectionner les pilotes qu'on lui confiait.
En la personne de Bayle, l'aviation perd un de ceux qui l'aimaient sincèrement, profondément... ses amis le pleureront, le regretteront...
Antoine Bayle était marié; il avait deux enfants. Sa femme partageait sa belle confiance dans la locomotion aérienne et souvent, de même d'ailleurs que sa petite fille, l'accompagna dans ses randonnées aériennes. Nous la prions de croire à la part réelle que nous prenons au malheur qui la frappe et à toute notre sympathie attristée. 
Antoine Bayle demeurera dans notre souvenir..."



 Article "Les Ailes" du 21 Octobre 1926
"Nous avons reçu une lettre, combien triste, combien émouvante de la femme de Bayle, notre malheureux ami qui s'est tué, voici trois semaines, à Bordeaux. Il ressort de cette lettre, hélas, que si Bayle avait eu un parachute à défaut d'un extincteur, il aurait pu être sauvé.
Si nous étions tentés de relâcher l'intensité de notre campagne pour le parachute, pour l'extincteur, pour le casque, une lettre comme celle de Mme Bayle nous ferait comprendre qu'une telle campagne ne doit prendre fin que lorsqu'elle aura complètement, totalement abouti. 
Car ils sont encore trop nombreux les pilotes qui s'envolent sans casque, sans extincteur, sans parachute..."

 1927 Article "Aéro-Club d'Auvergne"



"Le 4 octobre 1926, vers 18 heures, notre camarade pilote aviateur Antoine Bayle trouvait une mort tragique à l'aérodrome de Mérignac, près de Bordeaux, par suite de l'incendie de son avion en plein vol.
Sa perte fut d'autant plus ressentie parmi nous que Bayle, originaire de Clermont-Ferrand, où il s'était également marié, avait été, en 1921, 1922 et 1923, directeur du Centre d'entraînement d'Aulnat, et qu'à son caractère extrêmement sympathique, il joignait de très brillantes qualités de pilote.
Antoine Bayle était âgé de 32 ans et père de deux enfants en bas âge, l'Aéro-Club d'Auvergne ouvrit immédiatement une souscription dont le montant fut remis à Mme veuve Bayle, et aux obsèques, suivies par une foule considérable, Gilbert Sardier exprima, dans les termes suivants, les condoléances émues et la douloureuse sympathie de l'Aéro-Club d'Auvergne:
Pourquoi faut-il qu'au lendemain des journées triomphales pour l'aviation d'Auvergne, le Destin cruel nous rappelle, par des pertes irréparables, la fragilité de nos espoirs et l'insécurité fréquente de nos envols?
Et voici, que pareille aux dieux antiques qui exigeaient le sacrifice sanglant de leurs adorateurs passionnés, l'aviation compte dans son long martyrologe ses pilotes les plus connus, les plus sûrs et les plus ardents à la conquête du ciel.
Antoine Bayle, que nous pleurons tous aujourd'hui, était, en effet, un pilote hors ligne, amoureux de sa profession, et son cran n'avait d'égal que sa confiance aveugle dans la locomotion nouvelle.



Originaire de Clermont-Ferrand, où il naquit en 1895, où il comptait de très nombreuses relations, bien vite conquises par sa simplicité, sa sportivité et son esprit de camaraderie, Bayle rêvait de sports, d'aviation, dès sa plus tendre jeunesse et, dès qu'il le put, il fut volontaire pour l'aviation de chasse, cette Chevalerie de l'Air, où, à l'escadrille N°89, longtemps à mes côtés, il fit vaillamment tout son devoir, montrant déjà ses qualités de pilote qui, après la guerre, devaient se confirmer de la plus éclatante manière.
Nous lui confiâmes en 1920 le poste délicat de Chef pilote à l'Aéro-Club d'Auvergne, puis il fut choisi entre tous comme Chef du Centre d'entraînement des Pilotes civils d'Aulnat et il dirigeait en même temps le Centre de Lyon, où, hier encore, les Pilotes de l'Union Lyonnaise des Combattants de l'Air évoquaient sa mémoire en termes touchants d'admiration et d'affection.
Parti ensuite à Bordeaux, où une situation meilleure l'appelait, Bayle était nommé Chef pilote de l'Ecole Camplan, où il forma avec sa maestria coutumière de très nombreux élèves.
Puis, après un séjour de quelques mois dans le commerce, bien vite repris par la nostalgie du vol, il était appelé à la place de Chef pilote de l'Ecole Villiers.
Peu de jours après, il était victime d'un accident tragique, le seul que ses qualités de pilote pouvaient craindre, car elles étaient là impuissantes, l'incendie de son avion en plein vol.
Des pertes aussi cruelles et aussi douloureuses nous font, une fois de plus, amèrement déplorer l'insuffisance des moyens employés pour lutter contre son fléau terrible qu'est le feu à bord et il nous apparaît que le problème aurait dû être étudié en haut lieu de plus près, avec tous moyens d'action possibles, car la vie d'hommes, comme Bayle et tant d'autres, a une valeur sans égale pour l'Aviation et le Pays.
Madame, les mots sont impuissants pour vous exprimer notre profonde douleur et notre sympathie émue, comme aussi pour apporter quelques consolations à votre peine infinie devant laquelle l'Aéroclub d'Auvergne s'incline bien bas.
Mais si nous pouvions l'atténuer quelque peu, je vous dirais que votre très cher mari ne laisse derrière lui que des sympathies ardentes et des regrets unanimes, comme le prouve la foule de ses amis venus lui apporter le suprême hommage au seuil de sa dernière demeure.
Je vous dirais aussi qu'il vous reste l'espoir de le retrouver dans un monde meilleur.
Nous vous assurons de notre appui le plus complet et veillerons avec vous, si vous le voulez bien, sur le sort de vos charmants bambins, que leur papa chérissait tant et dont il était si justement fier!
Mon pauvre camarade, l'Aéro-Club d'Auvergne t'adresse le suprême adieu au nom de tous tes nombreux amis de l'Aéronautique, il prend l'engagement solennel de veiller sur les tiens et il continuera malgré tout à servir de toutes ses forces la cause glorieuse, mais trop souvent injuste, de l' Aviation Française, dont tu es l'un des plus nobles martyrs."

Pour information, Gilbert Sardier (1897-1976), né à Riom est un As de la Grande Guerre, titulaire de 15 victoires aériennes.
Un chapitre lui est consacré dans "Les As nous parlent", ouvrage de 1936 de jacques Mortane.
En 1922, il participe au Meeting de Combegrasse sur un planeur triplan construit par Clement. (Voir Page "Meeting de Combegrasse")

Son immense prestige avait été un peu entaché à la fin de la seconde guerre mondiale, notamment à cause de ses responsabilités pour la "Légion", organisme créé par le Gouvernement de Vichy, dont il deviendra le Président pour le Puy de Dôme en 1943.



Président de l'Aéro-club d'Auvergne, il est présent à l'inauguration du Monument de l'aviateur Pégoud en décembre 1963.

Il décède le 7 Octobre 1976.

à suivre...
.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire